🎧 Cette vidĂ©o de Marine Le Pen critiquant le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi est un deepfake

Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux présente la femme politique Marine Le Pen critiquant violemment le président congolais Félix Tshisekedi depuis la tribune de l’Assemblée nationale française. Visionnée plus de cinq millions de fois, cette séquence a même été commentée au parlement congolais. Mais après analyse technique et recoupement avec la vidéo originale du 16 octobre 2025, il s’avère qu’il s’agit d’un deepfake, créé à partir d’images authentiques mais manipulées par l’intelligence artificielle. Analyse.

Une vidéo prétendant montrer Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National en France, critiquant le président congolais Félix Tshisekedi circule sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines (liens archivés ici, ici, ici, ici et ), atteignant plus de 5 millions de vues sur Facebook. La séquence qui a également circulé sur X (ancien Twitter), d’une durée d’une minute cinquante secondes, présente Marine Le Pen depuis la tribune de l’Assemblée nationale française, dans un ton très direct, tenant des propos durs envers le chef de l’État congolais. Mais une analyse approfondie démontre qu’il s’agit d’un deepfake, c’est-à-dire une vidéo modifiée ou générée par l’intelligence artificielle.

En observant attentivement la vidéo, plusieurs anomalies apparaissent. Tout d’abord, le ton et le contenu du discours ne correspondent pas aux positions publiques connues de Marine Le Pen. La leader nationaliste française critique rarement les affaires internes d’autres pays, et l’idée qu’elle appellerait publiquement un président étranger par son prénom relève de l’improbable.

Une vidéo filmée le 16 octobre 2025

Aussi, les mouvements des lèvres présentent une désynchronisation avec les paroles, et les contours du visage apparaissent instables, autant de signes typiques d’une manipulation par IA.

Pour confirmer ou infirmer ces indices, Vunja Uongo, la cellule de vérification du Studio Hirondelle RDC, a recouru à des outils spécialisés, tels que Hive Moderation, pour évaluer l’authenticité de la séquence. Le résultat atteste que la vidéo est un deepfake avec une probabilité de 91,8 %.

Une recherche inversée d’images avec une des captures de la séquence a permis, par ailleurs, de remonter à la vidéo authentique de Marine Le Pen utilisée pour créer le deepfake. Elle a été filmée le 16 octobre lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale française, où elle intervenait sur des motions de censure et des questions budgétaires. Dans la vidéo originale (voir ici et ), Marine Le Pen -qui arbore les mêmes vêtements et se retrouve dans le même décor- aborde les impôts et la gestion des finances publiques, sans jamais mentionner Félix Tshisekedi. 

Une désinformation qui atteint le parlement congolais

Une recherche approfondie sur la période ciblée sur la période allant du 1er octobre au 25 novembre  confirme qu’aucune déclaration de Marine Le Pen concernant le président congolais n’a été rapportée par les médias fiables.

L’impact de cette vidéo truquée ne s’est pas limité aux réseaux sociaux. À l’Assemblée nationale de la RDC, un député a commenté cette séquence, dénonçant les propos supposés de Marine Le Pen. Il a été recadré par un collègue. Un épisode qui illustre comment même des acteurs politiques peuvent être trompés par de fausses informations. 

À l’ère de l’intelligence artificielle, la vidéo a cessé d’être une preuve absolue d’authenticité. Les deepfakes peuvent nourrir des polémiques, influencer l’opinion publique ou manipuler des débats entiers en quelques heures. Des spécialistes conseillent de toujours vérifier la source d’un contenu vidéo et d’en examiner les détails techniques comme les mouvements des lèvres, les yeux ou les contours du visage avant tout partage. 

La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain.