La ville de Kinshasa est devenue, depuis début juillet, la province la plus touchée par l’épidémie de choléra qui frappe actuellement la République démocratique du Congo. Au cours d’un briefing avec la presse le lundi 14 juillet, le ministre de Santé publique, hygiène et prévoyance sociale, Roger Kamba, a rapporté une montée exponentielle des cas. Au moins 2.000 nouveaux cas ont été enregistrés durant la semaine du 6 au 13 juillet, faisant passer le total à plus de 35.000 cas confirmés depuis le début de l’épidémie. Désormais, l’ombre d’une crise humanitaire plane sur la ville, au point d’alerter le président de la République qui a lancé une mobilisation générale.
Déjà, 17 provinces des 26 provinces du pays sont touchées et la situation demeure préoccupante. Relativement épargnée par les précédentes vagues, Kinshasa, la capitale du pays, est frappée de plein fouet cette fois-ci, avec 25 zones de santé sur 35 contaminées. Les foyers de contamination à Kinshasa se situent, pour la plupart, dans des quartiers près des cours d’eau.
Pakadjuma, foyer des contaminations par excellence
Selon des experts, les récentes pluies diluviennes ont contaminé les eaux. Pakadjuma, un quartier à forte densité dans la commune de Limete, réputé pour son insalubrité, accueille un de des deux grands centres de traitement, l’autre est installé au Canada. Ici, les conditions de vie sont difficiles, le marché de sexe et le vol se portent bien. Le décor parfait pour accélérer les contaminations. Sur les lieux, une équipe de Médecins sans frontières est déployée pour fournir des kits et médicaments, comme nous l’explique Désiré Bukasa, superviseur de la promotion santé et expert en santé communautaire au sein de cette association.
« Nous recevons des malades qui sont contaminés. Nous prenons en charge aussi les malades des autres zones de santé de la ville, notamment Barumbu, Kinshasa, Gombe, Nsel, Masina, N’djili. La prise en charge est faite selon l’évaluation avec des normes du ministère de la santé, nous, nous occupons plus du volet promotion et prévention de la Santé», explique-t-il. En même temps, MSF appuie également la zone de santé de Limete dans la prise en charge et la prévention de l’épidémie.
Cuisson complète des aliments et lavage des mains comme mesures-barrières
Docteur Didier Gasigwa, responsable du système de gestion du choléra et directeur adjoint du Programme national d’élimination du choléra insiste sur l’importance de la sensibilisation à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Selon lui, si ces éléments sont maîtrisés, le choléra peut être éradiqué rapidement, à condition de respecter la cuisson complète des aliments, le lavage des mains et la prudence dans la manipulation des corps des victimes.
« Il est vrai qu’on ne peut contraindre les gens avec la chicotte ou les pénalités, mais ici la contrainte c’est le risque. Quand vous êtes atteint du choléra et que vous ne faites rien, trois ou quatre heures après, vous pouvez mourir. C’est ça qu’on doit communiquer aux gens. La létalité est très élevée, et toutes les personnes sont à risque », alerte-t-il.
En l’absence de services d’hygiène opérationnels dans plusieurs communes de Kinshasa, le Centre des opérations d’urgences de santé publique (COUSP) compte sur des relais communautaires pour renforcer la sensibilisation. Parmi les mesures prises pour éradiquer l’épidémie, le gouvernement a pu commander des vaccins non seulement pour le Choléra mais aussi pour le Mpox.
Le choléra, c’est aussi à Kisangani, la Tshopo est d’ailleurs la province la plus touchée. Rutshuru, dans le Nord – Kivu, et Kalemie dans le Tanganyika, sont également en haut de liste. A Rutshuru, l’équipe de riposte compte fournir le chlore au village de Budafa, dans le groupement de Bukoma, où les populations consomment l’eau des rivières Rutshuru et Kabaraza.
La consommation de ces eaux impropres et le manque d’entretien des latrines comptent parmi les facteurs favorisant la propension de l’épidémie, aux côtés du déplacement des populations. A Kinshasa et Kisangani, l’épidémie a été transportée par des vecteurs en provenance d’autres provinces. La vague de contaminations d’autres localités comme Yakusu, Ubundu et Isangi a empiré la situation alors que le traitement de l’épidémie est totalement gratuit.
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