Condamné à la peine capitale par contumace fin septembre par la Haute cour militaire, l’ex-président Joseph Kabila a rassemblé plusieurs opposants congolais à Nairobi. Ils ont décrié mercredi 15 octobre la « dictature » dans le pays et des « jugements iniques ».
L’ancien chef de l’Etat (2001-2019) a présidé mardi 15 et mercredi 16 octobre un « conclave » d’opposants congolais, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, condamné en mai à dix ans de travaux forcés, et Bienvenu Matumo, militant du mouvement Lutte pour le changement (Lucha), arrêté plusieurs fois lorsque Joseph Kabila était au pouvoir.
A l’issue de la rencontre, les opposants ont annoncé se rassembler en « Mouvement sauvons la RDC » dans une déclaration consultée par l’Agence France Presse (AFP) dans laquelle ils décrient la dégradation sécuritaire, appellent les Congolais à « dresser le front et résister à la dictature », et au retrait de « mercenaires et forces étrangères du territoire », sans préciser lesquels.
Les opposants ont aussi dénoncé la « détention arbitraire des leaders politiques (…) ainsi que tous les jugements iniques prononcés par les cours et tribunaux à l’encontre des leaders d’opposition » et des critiques, ainsi que « l’incapacité » du président Félix Tshisekedi à répondre aux multiples crises.
Âgé de 54 ans, Joseph Kabila, qui n’était pas présent à son procès dans la capitale Kinshasa et n’y était pas non plus représenté, a été reconnu coupable de complicité avec le groupe armé antigouvernemental M23.
Entre janvier et février, le M23, soutenu par le Rwanda et son armée, a conduit des offensives d’ampleur dans l’est du pays. Riche en ressources naturelles, il est déchiré par des conflits depuis trente ans, s’emparant de vastes pans de territoires le long de la frontière rwandaise face à une armée congolaise dépassée.
Peu après ces revers militaires qui ont fragilisé le régime de Kinshasa, Joseph Kabila, qui avait quitté le sol congolais en 2023 selon son entourage, a fait une apparition surprise à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et fief du M23. Cette réapparition avait inquiété Kinshasa et, selon certains observateurs, cette condamnation vise à écarter la possibilité qu’il puisse fédérer l’opposition à l’intérieur du pays.
En mai, dans une rare allocution en ligne, M. Kabila, qui jouit encore d’un nébuleux réseau d’influence, avait déclaré que « la dictature doit prendre fin » en RDC et s’était dit prêt à « jouer sa partition », se posant ouvertement comme un opposant à M. Tshisekedi. Le M23, qui clame sa volonté de renverser le régime du président Tshisekedi, est réapparu dans la région fin 2021.
Studio Hirondelle RDC, avec AFP