La RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix sous les auspices des Etats-Unis 

Kinshasa et Kigali ont signé un accord de paix à Washington, sous la médiation des États-Unis. Ce texte vise à mettre fin à plusieurs décennies de violences dans l’est de la RDC. Il porte notamment sur la neutralisation des FDLR, le désengagement des forces/la levée des mesures défensives du Rwanda, et la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité. Toutefois, le cas du M23 n’y est pas explicitement traité.

La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé, vendredi 27 juin, sous les auspices des Etats-Unis, un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l’est de la RDC, qui a fait des milliers de morts depuis trois décennies. Le président américain Donald Trump a salué « un nouveau chapitre d’espoir ».

« Aujourd’hui, la violence et la destruction prennent fin et toute la région entame un nouveau chapitre d’espoir et d’opportunités, d’harmonie, de prospérité et de paix », a-t-il déclaré à la Maison Blanche aux côtés des ministres des Affaires étrangères des deux pays. « C’est un jour merveilleux », a ajouté Trump à propos de cet accord qui doit également déboucher, selon lui, sur l’obtention par les Etats-Unis de droits miniers en RDC.

Le président américain Donald Trump tient une lettre adressée au président rwandais Paul Kagame pour le féliciter de l’accord de paix avec la République démocratique du Congo lors d’une réunion avec la ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner (à droite), et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe (2e à gauche), dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 juin 2025. Également présents, de gauche à droite, le vice-président américain JD Vance et le secrétaire d’État américain Marco Rubio.

Mais il y a encore « beaucoup à faire ».

L’accord de paix s’inspire de la déclaration de principes par les deux pays le 25 avril, et prévoit des dispositions sur « le respect de l’intégrité territoriale et l’arrêt des hostilités » dans l’est du Congo-Kinshasa, après l’offensive menée par le groupe armé Mouvement du 23 Mars (M23). Il a été formellement signé le vendredi 27 juin lors d’une cérémonie à Washington, en présence du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio et de ses homologues congolais et rwandais, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe. « C’est un moment important après 30 ans de guerre », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, ajoutant cependant qu’il y avait encore « beaucoup à faire ».

« La première chose à faire est de commencer à mettre en œuvre le concept d’opérations pour la neutralisation des FDLR, qui s’accompagnera d’une levée des mesures défensives du Rwanda », a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, lors de la cérémonie. L’accord est « fondé sur l’engagement pris ici de mettre fin de manière irréversible et vérifiable au soutien de l’Etat (congolais) aux FDLR et aux milices associées », a-t-il ajouté, en référence au groupe armé des Forces démocratiques de libération du Rwanda.

Les FDLR sont un groupe armé rebelle composé majoritairement des hutus rwandais réfugiés dans l’est de la RDC après le génocide de 1994. Perçus comme les héritiers d’anciens dirigeants hutus liés à cette tuerie, ils sont considérés par Kigali comme une menace constante. Le pouvoir rwandais justifie régulièrement ses opérations militaires en territoire congolais par la nécessité de neutraliser ce mouvement pour assurer sa sécurité nationale.

Un accord de paix qui ne concerne pas le groupe armé M23

Le conseiller du président Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a lui indiqué que Kigali s’engage à la « levée des mesures défensives du Rwanda ». L’accord comprend aussi des dispositions sur « le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques », ainsi qu’un « mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité », selon le document. Toutefois, l’accord n’aborde pas explicitement les gains de territoire du M23.

Le Qatar a également été médiateur et avait reçu mi-mars à Doha le président rwandais Paul Kagame et celui de la RDC, Felix Tshisekedi. Les deux dirigeants devraient être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche en juillet. Alors que Washington a mené les négociations entre les gouvernements rwandais et congolais, le Qatar s’est occupé des négociations entre le gouvernement congolais et le M23.

Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l’ONU et les Etats-Unis, s’est emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu mi-février au terme d’une offensive éclair faisant des milliers de morts.

Au moins 60% des réserves mondiales de coltan se trouvent en RDC

L’est de la République démocratique du Congo est riche en ressources naturelles. Premier producteur mondial de cobalt, le pays détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique, ce qui intéresse vivement le président Trump.

Frontalier du Rwanda, la partie australe du pays est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 dans l’est du pays en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.

Kigali nie soutenir militairement le M23, mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994. 

Réactions de Keïta, Guterres et Macron

Au Conseil de sécurité de l’ONU, Bintou Keïta, cheffe de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC, a estimé le même vendredi 28 juin que « les tensions persistent mais les lignes de front et de négociation bougent, ouvrant la voie à la paix », évoquant une « avancée majeure vers la fin du conflit ».

Le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, a lui évoqué une « étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs », appelant les parties à « respecter pleinement les engagements qu’elles ont pris ». Le président français Emmanuel Macron a, de son côté, salué un « pas en avant historique après des décennies de souffrance ».

Pour l’ONG Physicians for Human Rights, qui a travaillé en République démocratique du Congo, l’accord comporte cependant des « omissions majeures », notamment en ce qui concerne l’obligation de rendre compte des violations des droits humains. « Il ne peut y avoir de paix durable sans justice véritable », a déclaré Sam Zarifi, directeur exécutif de l’association.

Studio Hirondelle RDC, avec AFP