Deux mois après le début de l’état de siège dans l’Est de la RDC, des habitants attendent encore plus des résultats© AFP
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Deux mois après le début de l’état de siège dans l’Est de la RDC, des habitants attendent encore plus des résultats

La mesure est en vigueur dans le Nord-Kivu et dans l’Ituri depuis le 6 mai. L’administration militaire a remplacé l’administration civile. L’objectif est de mettre fin à l’insécurité qui sévit dans cette région depuis plus de deux décennies. Le bilan reste mitigé, d’après des personnes rencontrées à Beni, Butembo et Bunia.

Deux attaques de groupes armés ont endeuillé la ville de Beni fin juin, alors que l’armée intensifie la traque de ces combattants. D’abord deux explosions de bombes ont fait deux morts dont un kamikaze le 27juin. Acte revendiqué par le groupe Etat Islamique. Puis, le 30 juin,  jour de l’indépendance,  au moins dix personnes ont péri dans une attaque attribuée aux ADF. Des manifestations ont eu lieu pour dénoncer cette tuerie qui aurait pu être évitée selon le président de la coordination urbaine de la société civile. ‘’Nous pensions que les ADF étaient en train de disparaître, mais nous étions surpris’’, déplore un habitant.

Si les autorités militaires ne cessent de rassurer la population quant à l’issue de l’état de siège, des habitants veulent du concret. « Le concret c’est la paix et la sécurité pour vaquer librement à leurs occupations », nous dit Kambale Ananias, vendeur de braise à Beni.  Il achète sa marchandise dans la localité de Otomabere, dans la province voisine de l’Ituri, au péril de sa vie. ‘’Toutes ces zones ne sont pas sécurisées’’, déplore-t-il.

A Butembo, toujours dans le Grand-Nord, l’on attend également beaucoup de l’état de siège. Seules la paix et la sécurité peuvent résoudre les problèmes socio-économiques, notamment l’éducation et la survie des ménages, confient quelques habitants. Le cas de Kambale  Musavuli, venu d’Oicha. Ce déplacé a été témoin de la mort de plusieurs personnes. Il ne peut pas rentrer chez lui à cause de l’insécurité. Comme d’autres déplacés, il vit grâce à la générosité de certains habitants de Butembo. Une assistance qu’il trouve insuffisante. Son unique souhait présentement est de regagner Oicha et y reprendre ses activités. Pour cela, il faut que l’état de siège mette fin aux violences qui y sévissent, affirme-t-il.

Le bilan ne fait pas l’unanimité

Mi-Juin, Félix Tshisekedi s’est rendu dans le Nord-Kivu, mais aussi en Ituri.  Au menu de sa visite, la situation sécuritaire et, bien entendu, l’évaluation de l’état de siège. A Bunia, le Chef de l’Etat s’est dit satisfait des résultats déjà obtenus, évoquant notamment la sécurité sur la route nationale 27. Mais son bilan ne fait pas l’unanimité. Le chemin à parcourir reste encore long, d’après un jeune de cette cité. S’il salue les avancées sur terrain, il demande au Président de la république de doter l’armée des moyens conséquents pour venir à bout des groupes armés. La fin de l’insécurité permettra de relancer l’économie de la province, d’après une autre iturienne. La guerre a détruit différents tissus de la société, selon le coordinateur de la côté la société civile forces vives. S’il salue les efforts de l’armée, Dieudonné Losa Dekhana veut que les autorités passent à la vitesse supérieure. ‘’Il y a un réseau mafieux à démanteler’’, souligne-t-il.

Pour les autorités, les indicateurs sont dans le vert depuis l’instauration de l’état de siège. Les opérations ont permis notamment de libérér des localités comme Malika, Mayangose où plus de 70. 000 cultivateurs ont repris leurs activités agro-pastorales, s’est félicité le gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima, le 29 juin.

L’état aura raison des combattants des groupes armés, à en croire le Chef de l’Etat.