La pollution de rivières accentue la crise dans le Kasaï© AFP
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La pollution de rivières accentue la crise dans le Kasaï

Depuis fin juillet, la République Démocratique du Congo fait face à une pollution de rivières dans le centre du pays, principalement les rivières Tshikapa et Kasaï. Le déversement de substances toxiques, par une usine de traitement de diamants basée en Angola est à l’origine de cette catastrophe écologique. Les conséquences se font déjà ressentir auprès des populations riveraines, déjà pauvres. Des conséquences qui sont sanitaires mais aussi socio-économiques. En plus des intoxications signalées, on redoute, notamment une crise alimentaire.

Au moins 12 morts et plus de 4000 cas de maladies, c’est le bilan de la pollution des rivières Kasaï et Tshikapa d’après la Vice-Première Ministre, Ministre de l’Environnement. Eve Bazaiba l’a annoncé au cours d’une conférence de presse le 2 septembre à Kinshasa.

Dans le Kasaï, une bonne partie d’habitants n’ont pas accès à l’eau. Ils recourent alors à différents cours d’eau pour le bain, la lessive, voire la vaisselle. C’est le cas de Marie. Cette jeune élève, riveraine de la rivière Tshikapa, est obligée de parcourir de longues distances tous les matins pour son bain, avec l’eau de la rivière Kasaï. Mais celle-ci est également polluée. L’utilisation de ces eaux infectées est à l’origine des éruptions cutanées et maladies génitales chez des femmes. La vie devient plus dure dans la zone affectée, nous confie la jeune Marie.

‘’Il n’y a pas de vie dans l’eau’’

Les rivières Fimi et Kwilu ont été également touchées. Cette situation a entrainé la mort de poissons et d’autres animaux aquatiques. ‘’Cette pollution a détruit la vie dans l’eau. Il n’y a pas de vie dans l’eau’’ déplore Honoré Hulamba, responsable à la Division provinciale de l’environnement et pêche au Kasaï.

‘’C’est la pêche qui nous aide à nourrir notre famille’’

La pêche et l’agriculture sont pénalisées. C’est un véritable coup dur pour des ménages qui vivent, depuis des années, grâce à des activités sur les rivières, comme la pêche. ‘’ ‘’C’est la pêche qui nous aide à nourrir notre famille’’, nous ne savons quoi faire’’, regrette ce pêcheur. Il appelle à l’intervention urgente des autorités nationales.

Le Gouvernement traine les pas pour intervenir, dénonce le député national Guy Mafuta. L’élu de Tshikapa charge le gouvernement central. Il l’accuse de minimiser l’ampleur de la situation. Guy Mafuta appelle le gouvernement à réagir plus vite à la catastrophe dans cette province ‘’à genou’’.

Kinshasa attend des réparations

Cinq membres de l’exécutif national ont fait le déplacement de Tshikapa, en une semaine Parmi eux, la vice-Première Ministre, Ministre de l’Environnement. Eve Bazaiba évoque la réparation des dégâts. Kinshasa se montre optimiste. ‘’  Il y a cette usine de Catoca qui a reconnu que ces acides venaient d’eux, le gouvernement angolais l’a reconnu. Nous pensons que c’est un grand pas pour aller vers la réparation’’, a-t-elle déclaré.

En attendant, le gouvernement central a remis aux sinistrés un lot de médicaments mais aussi des vivres et non-vivres. La remise officielle est intervenue vendredi 3 septembre. A cette date, 13 des 18 zones de santé de la province du Kasaï étaient touchées par la catastrophe.