🎧 Attention ! Un faux communiquĂ© conjoint RDC-M23 sur la dĂ©claration de principes de Doha circule en ligne

Un prétendu communiqué conjoint du gouvernement congolais et de l’AFC/M23 signé la veille de la signature de l’accord de principes s’est propagé sur les réseaux sociaux. Mais après vérification, ce document est introuvable sur les canaux officiels et contient des éléments douteux.

Le 18 juillet, un internaute a publié sur les réseaux sociaux ce qu’il présente comme une fuite du communiqué conjoint relatif à la déclaration de principes signée entre le gouvernement congolais et le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) à Doha, au Qatar. Le document évoque notamment un retrait progressif et encadré des combattants du M23, la réintégration de certains de ses cadres dans les institutions politiques et la suspension de poursuites judiciaires à leur encontre. 

Mais jusqu’à la publication de cet article, ce communiqué est introuvable sur les canaux officiels du gouvernement congolais, du Qatar ou de l’AFC/M23. Aucun média national ou international ne l’a relayé. Pourtant, cette prétendue fuite a largement circulé entre le 18 et le 19 juillet sur Facebook, X et TikTok. Elle a même été reprise par des journalistes tels que Rachel Kitsita, Paulette Kimuntu, Doux-Jésus Beledu ou Patrick Lokala sur leurs comptes personnels.

Le document mentionne un certain « Aimé Kiala » comme signataire pour l’AFC/M23, mais ne cite aucun représentant du gouvernement congolais. Une recherche avec mot-clé sur Google sur ce nom n’a révélé aucun lien entre cet individu et l’AFC/M23. Or, c’est Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l’AFC/M23, qui a officiellement conduit la délégation à Doha.

Le communiqué publié le 19 juillet 2025 sur le site du ministère des Affaires étrangères du Qatar ne mentionne ni retrait du M23, ni intégration dans les institutions, ni arrêt des poursuites. Il parle uniquement d’engagements mutuels ouvrant la voie à des négociations en vue d’un accord de paix global d’ici le 18 août. « La Déclaration de principes comprenait des engagements mutuels entre les deux parties, ainsi qu’un cadre général ouvrant la voie à des négociations constructives visant à parvenir à un accord de paix global », peut-on lire sur le site de ce ministère.

Divergences d’interprétation autour de la déclaration de principes de Doha

Le jour de la signature, le ministre congolais de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a précisé sur le réseau social X que la déclaration respecte les lignes rouges du gouvernement, notamment « le retrait non négociable de l’AFC/M23 des parties occupées suivi du déploiement de nos Institutions (FARDC, PNC, justice, administration) »

De son côté, l’AFC/M23 a partagé une vidéo de Benjamin Mbonimpa affirmant qu’il n’a jamais été demandé à l’AFC/M23 de se retirer des zones occupées. Le 24 juillet, leur porte-parole Lawrence Kanyuka a publié un tableau listant les conditions de confiance qu’ils réclament notamment l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022 portant interdiction d’intégrer, de mixer et de brasser des éléments des groupes armés terroristes et autres au sein des forcées armées, de la police nationale et des services de sécurité de la RDC, et d’autres mesures restrictives prises par le gouvernement contre l’AFC-M23.

Dans le même document figurent également l’annulation de toutes les condamnations à mort, des poursuites judiciaires et des mandats d’arrêt contre les dirigeants et cadres de l’AFC/M23, la libération immédiate  de toutes les personnes civiles ou militaires arrêtées et/ou accusées d’être en liaison avec l’AFC/M3 ainsi que des réparations des dommages moraux et matériels.

Une déclaration vague sur les mesures de confiance

Toutefois, le document signé à Doha reste flou sur les « mesures de confiance » à prendre entre les deux parties. Il évoque leur nécessité sans les détailler, se contentant de mentionner la mise en place d’un mécanisme de libération des prisonniers, sous la supervision du Comité international de la Croix rouge (CICR).

Le 21 juillet, le ministre congolais de l’Intérieur Jacquemain Shabani a réaffirmé à Kinshasa que la restauration de l’autorité de l’État dans les territoires occupés est une exigence incontournable. D’après lui, cela implique le retrait des forces rebelles, le retour de l’administration publique et le redéploiement des forces nationales de sécurité. À l’inverse, lors d’une conférence de presse à Goma le 25 juillet, Benjamin Mbonimpa a déclaré que cette restauration constitue plutôt la finalité du processus de paix.

Des réflexes de vérification des faits

Généralement, les États et les organisations diffusent les documents officiels sur leurs canaux de communication officiels, traditionnels ou en ligne. Les consulter peut permettre de trouver des documents afin de pouvoir les authentifier. Contacter les sources et les confronter peut également aider, ainsi que les médias indépendants. 

La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain.