Épicentre de l’épidémie déclarée le 4 septembre dans le Kasaï, la zone de santé de Bulape enregistre déjà près de 30 cas confirmés, 23 décès et deux guérisons. Alors que les services de santé, Médecins Sans Frontières et la communauté locale se mobilisent, les soignants alertent sur la gravité de la situation et appellent à une vigilance accrue.
La zone de santé de Bulape est l’épicentre de l’épidémie d’Ebola dans la province du Kasaï. Depuis la déclaration officielle de la maladie, le 4 septembre, on dénombre près de 30 cas confirmés, plus de 400 personnes identifiées comme ayant été en contact avec les porteurs du virus, 23 décès et seulement deux guérisons.
Pour freiner la propagation, la mobilisation est générale : services de santé publics, équipes de Médecins Sans Frontières et communauté locale. À l’hôpital général de référence de Bulape, une tente spéciale a été installée pour accueillir les patients. « La prise en charge est organisée comme pour tous les malades : un dossier médical est ouvert et un suivi rigoureux est assuré. Une équipe de médecins et une infirmière surveillent nos patients. Le taux de létalité est très élevé chez ceux qui ne reçoivent pas le traitement spécifique MAB 114, que nous appelons Ebanga. Je l’estime à 95 %, et ces cas évoluent presque toujours vers le décès », explique le Dr Albert Ngonda, médecin chef de staff. « La situation demeure critique et précaire, car chaque jour de nouveaux cas s’ajoutent », ajoute-t-il.
À Bulape, non seulement les soins et les médicaments sont gratuits, mais aussi les repas. Une dizaine de malades sont en voie de guérison, dont deux déjà totalement rétablis. Parmi eux, une sexagénaire que nous appellerons Marie Tonda (nom d’emprunt), infirmière, hospitalisée avant d’être déclarée guérie. « J’avais des maux de tête, des coliques abdominales et des diarrhées sanglantes. À l’hôpital, j’ai été placée en isolement et j’ai suivi le traitement pendant 21 jours. Je suis la première malade déclarée guérie à Bulape. Aujourd’hui, je suis en convalescence. Même si les symptômes ont diminué, je n’ai pas encore assez de force pour me déplacer », témoigne-t-elle.
Parallèlement, les soignants insistent sur la sensibilisation aux gestes barrières : se laver régulièrement les mains avec du savon ou une solution hydroalcoolique, éviter de manipuler les cadavres d’animaux sauvages, ne pas toucher les malades, leurs effets personnels ou les corps de personnes décédées d’Ebola.
Alors que la campagne de vaccination est en cours, plus de 500 personnes ont déjà reçu le vaccin. Si certains habitants se disent prêts à se faire vacciner, d’autres hésitent encore, craignant des effets secondaires. Malgré ces réticences, les équipes de Médecins Sans Frontières poursuivent leurs efforts pour contenir la propagation du virus.
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