Depuis la suspension par l’administration Trump de l’aide des États-Unis via l’USAID, le système de santé en RDC est frappé de plein fouet. Expert en santé publique et spécialiste en santé à la Banque mondiale, Dr Michel Muvudi esquisse des pistes pour sortir de cette dépendance à l’appui extérieur en général, et américain en particulier.
Deux mois seulement après le départ de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le système de santé communautaire en RDC fonctionne déjà sous perfusion. La prévention et le traitement des maladies majeures, ainsi que la gestion des épidémies, dépendaient largement de ce soutien. Selon l’Ambassade américaine en RDC, plus de 6 milliards de dollars ont été injectés dans le secteur de la santé au cours des dix dernières années.
Pour le Dr Michel Muvudi, il faudra du temps pour que les communautés s’adaptent : « Plus de 70 % de nos populations vivent dans la pauvreté. Il est impossible de leur demander de prendre en charge des maladies comme la tuberculose ou le VIH, dont le traitement est très coûteux. La résilience de nos populations va s’étaler sur de longues périodes », souligne-t-il.
Les structures de santé bénéficiaires de cette aide peinent déjà à assurer leurs services. À Mbandaka (Equateur) John Otiabini, coordonnateur d’une ONG médicale, déplore une paralysie. « L’USAID finançait l’achat et la distribution de contraceptifs, ainsi que les intrants pour le dépistage et les médicaments contre le VIH. Son retrait a tout bloqué », explique-t-il.
Face à cette situation, Dr Michel Muvudi appelle à une réponse urgente de l’État. « Des discussions sont en cours pour définir un plan d’efficience. Il s’agit d’utiliser une enveloppe réduite pour cibler les priorités de santé », indique le médecin. Pendant ce temps, les partenaires au développement restés en RDC réfléchissent à réorienter une partie de leurs financements afin d’atténuer le vide laissé par l’USAID.
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