Après trois mois de discussion au Qatar, Kinshasa et le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, ont signé une déclaration de principes prévoyant un cessez-le-feu permanent et la signature d’un accord de paix global d’ici le 18 août. Ce texte, salué comme une avancée significative par la communauté internationale, prévoit également le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans l’est de la République démocratique du Congo, meurtri par des décennies de violences.
Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et Kinshasa ont signé le 19 juillet au Qatar une déclaration de principes comprenant un engagement pour un cessez-le-feu permanent, saluée comme une « avancée » significative pour la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Le M23, qui s’est emparé de villes stratégiques dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu lors d’une offensive éclair en fin janvier et mi-février, avait insisté pour négocier son propre accord de cessez-le-feu avec Kinshasa, après que son allié rwandais a signé un accord de paix à Washington le 27 juin.

« Les parties réaffirment leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu permanent » comprenant l’interdiction d’attaques « de toutes nature », la « diffusion de propagande haineuse ou incitant à la violence », et « toute tentative de conquête ou de modification des positions par la force sur le terrain », indique une déclaration de principes signée par des hauts responsables du M23 et de la RDC à Doha après trois mois de discussions dans l’émirat du Golfe. Les parties se sont engagées à mettre en œuvre les dispositions de la déclaration « au plus tard le 29 juillet 2025 ».
Le texte énonce l’engagement d’entamer « au plus tard le 8 août 2025 » des négociations formelles en vue d’un accord de paix global qui doit être signé « au plus tard le 18 août 2025 ». Il prévoit également une feuille de route pour le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’est congolais une fois un accord de paix signé.
Pas de solutions magiques
« Cette déclaration tient compte des lignes rouges que nous avons toujours défendues notamment le retrait non négociable de l’AFC/M23 des parties occupées suivi du déploiement de nos institutions », s’est félicité sur X le ministre de la Communication et des Médias, et le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya.
« L’une des clauses les plus importantes de la déclaration d’intention est l’accent mis sur l’extension du contrôle et de l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire », a souligné l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Afrique, Massad Boulos, présent lors de la signature. « Nous savons qu’il n’y a pas de solutions magiques, notamment en ce qui concerne le calendrier », a-t-il toutefois souligné.
Les violences se sont intensifiées au cours des derniers mois dans cette région frontalière du Rwanda, avec une offensive éclair du M23 et des troupes rwandaises (FDR) sur Goma et Bukavu, face à une armée congolaise dépassée. Elles ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l’ONU, et aggravé une crise humanitaire pour des centaines de milliers de déplacés.
Depuis février, le front dans l’est du pays s’est stabilisé. Mais des violences se poursuivent entre le M23 et une myriade de milices pro-Kinshasa qui mènent des actions de guérilla. Par le passé, ni le M23, ni les milices locales n’ont reconnu les accords de cessation des combats.
L’Union africaine, l’Union européenne et la mission de maintien de la paix dans le pays (Monusco) ont salué une « avancée » significative dans les efforts déployés pour instaurer une paix durables.
« Nous saluons les engagements pris et appelons à leur mise en œuvre de bonne foi dans les délais prescrits », a déclaré dans un communiqué le chef par intérim de la Monusco, Bruno Lemarquis.
« Rôle déterminant » du Rwanda

Kigali a également salué l’accord, se disant « déterminé à contribuer à une paix durable et au développement économique de la région des Grands Lacs », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le Rwanda nie soutenir militairement le groupe armé qui a repris ses opérations dans la région en 2021, mais début juillet, des experts de l’ONU ont pointé le « rôle déterminant » joué par son armée dans l’offensive de janvier et février.
Les négociations pour un accord de paix entre Kinshasa et le M23 « s’inscriront dans le cadre » du texte signé le 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, selon la déclaration de principe. Le président congolais Félix Tshisekedi avait évoqué en avril un accord minier avec Massad Boulos, en visite à Kinshasa.
Une rencontre entre M. Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame doit avoir lieu dans les prochains mois. Les deux chefs d’Etat s’étaient rencontrés dans le plus grand secret le 18 mars à Doha sous la médiation de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani.
« Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel vient d’être décidé entre la RDC et le Rwanda », avait annoncé sur X, Tina Salama, la porte-parole du président congolais. « Les modalités de l’exécution de ce qui a été convenu seront précisées dans les jours qui viennent », a toutefois nuancé la cellule de communication de la présidence congolaise dans un communiqué.
Dans la nuit, la présidence rwandaise a affirmé que les dirigeants avaient discuté « du besoin urgent d’un dialogue politique direct » pour répondre aux « causes profondes du conflit ». « Le président Kagame a fait part de sa conviction que si toutes les parties travaillent ensemble, les choses peuvent avancer plus vite », a-t-elle ajouté sur X.
L’est de la RDC est une région riche en minerais en proie aux conflits depuis plus de 30 ans. Des précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été conclus puis violés ces dernières années.
Studio Hirondelle RDC avec AFP