Au moins 43 morts après l’attaque d’une paroisse catholique par les rebelles ADF en Ituri

L’attaque d’une église catholique dans le nord-est de la République démocratique du Congo par les rebelles ADF, un groupe armé affilié au groupe Etat islamique, a fait au moins 43 morts, selon un nouveau bilan de l’ONU publié dans la nuit du 27 au 28 juillet.

Après plusieurs mois d’accalmie, les ADF ont attaqué la paroisse Bienheureuse Anuarite de Komanda, dans la province de l’Ituri, dans la nuit de samedi du 26 au dimanche 27 juillet. Les premiers décomptes communiqué à l’AFP par des responsables locaux et un religieux faisaient étant de plus de 30 morts.

Ici, « sous les yeux, nous avons au moins 31 morts parmi les membres du mouvement Croisade eucharistique, avec six blessés graves (…), certains jeunes ont été enlevés, nous n’avons aucune nouvelle d’eux », avait déclaré dans la journée à l’Agence France Presse (AFP) l’abbé Aimé Lokana Dhego, curé de la paroisse Bienheureuse Anuarite. Le prêtre avait ajouté que sept autres corps avaient été découverts dans la localité de Komanda, située à environ 60 km au sud-ouest de Bunia, chef-lieu de la province.

Dieudonné Katanabo, chef de quartier Umoja où se situe la paroisse, avait indiqué à l’AFP avoir entendu « des coups de feu vers la paroisse » vers 21 heures, disant avoir vu 35 corps.

 « Cette attaque des éléments du groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) a causé la mort d’au moins 43 civils (19 femmes, 15 hommes et neuf enfants) », a écrit la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), citant des « informations officielles ».

« Ces attaques ciblées contre des civils sans défense, notamment dans des lieux de culte, sont non seulement révoltantes mais aussi contraires à toutes les normes en matière de droit de l’homme et de droit international humanitaire », a déclaré Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’ONU, chargée de la protection et des opérations et cheffe par intérim de la Monusco, cité dans le communiqué.

Les Forces armées congolaises (FARDC) ont de leur côté dénoncé « un massacre de grande ampleur » perpétrée par des ADF dans une église où « une quarantaine de civils ont été surpris et tués à la machette et plusieurs autres grièvement blessés ». Face à la traque permanente exercée contre eux, les ADF « ont choisi de se venger sur des paisibles populations sans défense en vue de rependre la terreur », ajoute le communiqué de l’armée. Le gouvernement congolais, via son porte-parole Patrick Muyaya sur X, a condamné une « effroyable attaque sur des populations innocentes ».

La réaction du pape Léon XIV

Au lendemain de l’attaque, le pape Léon XIV a dit lundi 28 juillet sa « consternation ». « Sa Sainteté le pape Léon XIV a appris avec consternation et profonde affliction l’attaque perpétrée contre la paroisse Bienheureuse-Anuarite de Komanda dans la province de l’Ituri, qui a causé la mort de plusieurs fidèles, rassemblés pour le culte », indique un télégramme publié par le Vatican.

« Cette tragédie nous invite davantage à œuvrer pour le développement humain intégral de la population meurtrie de cette région », ajoute le texte signé par le N.2 du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin et adressé au président de la Conférence épiscopale de la RDC. « Sa Sainteté implore Dieu afin que le sang de ces martyrs soit une semence de paix, de réconciliation, de fraternité et d’amour pour tout le peuple congolais », a-t-il ajouté.

Cette attaque a également été « fermement condamnée » par le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani. « Les lieux de culte doivent être toujours préservés et la liberté religieuse protégée », a-t-il ajouté.

« Province d’Afrique centrale » de l’Etat islamique

Les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais, ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC malgré le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans la zone.  Ils ont prêté allégeance en 2019 aux jihadistes de l’Etat islamique, qui les présente comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap) et revendique certaines de leurs attaques.

Fin 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à mettre fin à leurs exactions. Cette tuerie intervient néanmoins après des mois d’accalmie dans cette région de l’Ituri qui jouxte la frontière ougandaise. La dernière attaque d’ampleur menée par des ADF remonte au mois février, et avait fait 23 morts dans le territoire de Mambasa. 

Studio Hirondelle RDC avec AFP