Ces ministres inamovibles sous Tshisekedi

Publié dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août, le gouvernement Suminwa II constitue le cinquième exécutif formé depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, à la suite de la présidentielle de décembre 2018. Certains ministres ont su résisté aux tensions et remaniements.

Après sa prestation de serment en janvier 2019, le successeur de Joseph Kabila aura attendu sept mois avant de composer sa première équipe gouvernementale, fruit de la coalition entre le Front commun pour le Congo (FCC) et Cap pour le changement (CACH). À la primature, il nomme Sylvestre Ilunga Ilunkamba, alors directeur général de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et en retrait de la scène politique.

Quinze mois plus tard, la rupture avec le camp Kabila entraîne la création de l’Union sacrée de la Nation (USN), plateforme de soutien au président, qui propulse Jean-Michel Sama Lukonde à la primature. Ce dernier conduira deux équipes successives, de 2021 à 2023 puis de 2023 à 2024.

Réélue en 2023, la présidence Tshisekedi confie la formation du nouveau gouvernement à Judith Suminwa Tuluka, première femme à occuper la primature en RDC. Celle-ci conserve son poste pour diriger Suminwa II, avec un exécutif largement remanié.

De Ilunga Ilunkamba à Suminwa II, en passant par les deux gouvernements Sama, plusieurs ministres ont traversé les remaniements sans encombre. Certains sont en fonction depuis le début de l’ère Tshisekedi, voire plus. Portraits de ces figures inamovibles.

Jean-Lucien Bussa, le doyen

En décembre 2016, Joseph Kabila est confronté à de fortes pressions intérieures et extérieures pour ne pas briguer un troisième mandat. Les mobilisations des étudiants, mouvements citoyens, membres de la société civile et prêtres catholiques conduisent à un dialogue politique qui lui accorde deux années supplémentaires, à condition de gouverner avec l’opposition.

Ce « gouvernement de glissement » marque l’entrée de Jean-Lucien Bussa au ministère du Plan, avant sa mutation au Commerce extérieur lors du remplacement de Samy Badibanga, nommé en décembre 2016, par Bruno Tshibala à la primature, quelques mois plus tard.

En août 2019, Bussa conserve son portefeuille dans le gouvernement Ilunkamba, issu de la coalition FCC-CACH. Dans Suminwa II, il prend la tête du ministère de l’Aménagement du territoire. Ancien cadre du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, il cumule plus de huit années discontinues au sein de l’exécutif, ayant successivement dirigé le Plan, le Commerce extérieur, le Portefeuille et désormais l’Aménagement du territoire.

Ancrés dans le gouvernement depuis 2019

Nommé ministre en 2019 malgré une influence politique jugée modeste, Augustin Kibassa Maliba n’a jamais quitté le secteur des Postes et Télécommunications. Sous Suminwa I, ses attributions s’étendent au Numérique. Il prend aujourd’hui la tête du nouveau ministère de l’Économie numérique.

Comme lui, Aimé Sakombi Molendo et Julien Paluku ont dirigé, durant l’intégralité du premier mandat de Tshisekedi, le même portefeuille. Proche de Vital Kamerhe — actuel président de l’Assemblée nationale et allié de Tshisekedi depuis 2018 —, Sakombi Molendo a occupé les Affaires foncières avant de passer aux Hydrocarbures dans Suminwa I, puis aux Ressources hydrauliques et à l’Électricité dans Suminwa II.

Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu, a hérité en 2019 du ministère de l’Industrie au titre du FCC. Il s’est maintenu au gouvernement après la rupture FCC-CACH en ralliant l’Union sacrée. Depuis juin 2024, il dirige le Commerce extérieur, après cinq années passées à l’Industrie.

Chef de file du Parti lumumbiste unifié (PALU), Didier Mazenga retrouve dans Suminwa II le ministère de l’Intégration régionale. Entré au gouvernement en 2019 comme ministre des Transports, il a dirigé l’Intégration régionale sous Sama I, le Tourisme sous Sama II, avant de revenir à l’Intégration régionale dans Suminwa I. Ses allers-retours entre ces deux départements se poursuivent donc.

Didier Budimbu signe également son cinquième mandat gouvernemental. Il fait son entrée en 2019 comme vice-ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), puis prend les Hydrocarbures entre 2021 et 2024. Il a été maintenu au ministère des Sports dont il a hérité depuis juin 2024.

Irène Esambo, une figure pour les personnes handicapées

En août 2019, la formation du gouvernement Ilunkamba est retardée afin de garantir à la fois la représentativité provinciale et la création d’un ministère dédié aux personnes vivant avec handicap. Ce portefeuille est confié à Irène Esambo, qui ne l’a plus quitté depuis. Elle s’est imposée comme la principale porte-parole des personnes handicapées au sein de l’exécutif congolais.