Dans un rapport publié le 3 juin, l’ONG Human Rights Watch accuse le M23, groupe rebelle soutenu par le Rwanda, d’avoir exécuté au moins 21 civils dans la ville de Goma et ses environs, en République démocratique du Congo. Ces crimes présumés auraient été commis dans un climat de terreur imposé par les rebelles, selon les témoignages recueillis.
Human Rights Watch (HRW) a accusé, mardi 3 juin, le groupe armé M23 d’avoir exécuté sommairement des civils dans les zones qu’il occupe dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le groupe antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de vastes zones de l’est congolais depuis sa résurgence en 2021. Il s’est emparé de la ville stratégique de Goma fin janvier, à la suite d’une offensive éclair.
Depuis, il mène régulièrement des rafles dans la ville et sa périphérie, à la recherche de centaines de militaires et de miliciens congolais qui se sont dispersés pour éviter la capture, alimentant ainsi une forte insécurité. Au cours de ces opérations, le groupe armé a « exécuté sommairement au moins 21 civils, et vraisemblablement un nombre bien plus élevé à Goma », affirme HRW dans un rapport publié le 3 juin.
Le 22 février, des combattants du M23 « ont exécuté sept personnes » près d’un ancien camp de l’armée congolaise à Goma. Les « corps de 11 autres personnes, dont un garçon, ont ensuite été retrouvés sur un chantier de construction à proximité du camp », détaille l’organisation américaine. Le 23 février, des membres du groupe armé « ont rassemblé des personnes, notamment pour les recruter de force, et ont tué trois hommes alors qu’ils tentaient de s’enfuir », ajoute HRW.

S’appuyant sur au moins 22 témoignages recueillis à distance, l’organisation de défense des droits humains estime que l’absence de combats et la nature des blessures indiquent que « les combattants du M23 ont délibérément exécuté les personnes placées sous leur garde, ce qui constitue des crimes de guerre ». Les miliciens congolais surnommés « Wazalendo » (patriotes, en swahili) sont parfois vêtus en civil, rendant difficile l’identification de leur appartenance à un groupe armé.
Pour Clémentine de Montjoye, chercheuse principale de HRW pour la région des Grands Lacs, « le contrôle brutal exercé par le M23 sur Goma a instauré un climat de peur parmi les personnes suspectées d’être alliées au gouvernement congolais ». Ces « massacres ne semblent pas être des actes isolés commis par quelques combattants, mais reflètent plutôt les efforts des dirigeants du M23 pour consolider leur contrôle par tous les moyens », a-t-elle ajouté.
Le 27 mai, Amnesty International avait déjà accusé le M23 d’avoir tué, torturé et fait disparaître de force des détenus, en avoir pris certains en otage et les avoir soumis à des conditions inhumaines dans des lieux de détention à Goma et Bukavu.
Les rapports d’Amnesty International et de HRW ne « constituent qu’un instrument de propagande au service du régime de Kinshasa », a réagi le 3 juin le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, sur X, invitant les organisations de défense des droits humains à consulter un rapport établi par le M23 lui-même, lequel nie la plupart des « prétendues violations des droits humains » qui lui sont imputées.
Studio Hirondelle RDC, avec AFP