Des incertitudes règnent autour de la pérennisation de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC© JUNIOR KANNAH / AFP
Des enfants congolais marchent devant une école à Kinshasa.

Des incertitudes règnent autour de la pérennisation de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC

Les cours ont effectivement repris dans les écoles publiques le 22 novembre, soit plus d’un mois après la rentrée scolaire officielle. Une situation due à un vaste mouvement de grève au sein de ces établissements. Les enseignants exigeaient la concrétisation des promesses du gouvernement notamment au sujet de l’amélioration de leurs rémunérations. Il aura fallu plusieurs jours de négociations entre gouvernement et ban syndical pour convaincre les grévistes à mettre fin à leur mouvement.

Comment pérenniser la gratuité de l’enseignement en RDC ? Nous en avons débattu avec deux invités au lieu de trois comme d’habitude. Le représentant du Ministère de l’Enseignement primaire secondaire et technique, Alain Kipa s’est excusé en dernière minute. Le Conseiller du Ministre Tony Muaba était empêché.

Enseignants et élèves du secteur public se sont finalement retrouvés dans des salles de classes. ‘’La grève a été suspendue et non levée’’. Voilà la phrase de Jean-Bosco Puna qui a mis Regina Bénédicte Mungimur dans tous ses états.  Parent d’élève, elle redoute que les professionnels de la craie sèchent  à nouveau les cours au cas où ils ne trouveraient pas satisfactions à  leurs préoccupations. Elle n’hésite pas à interpeller les autorités auprès de qui elle exige des ‘’mesures définitives’’ et des ‘’solutions durables’’ aux problèmes liés à la gratuité de l’enseignement. ‘’La bonne instruction doit être pérenne’’, affirme-t-elle.

Après la gratuité, la qualité de l’enseignement de base reste un défi à relever 

Le syndicaliste Jean-Bosco Puna, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants des écoles conventionnées catholiques (SYNECAT) était convié aux négociations avec le Gouvernement à Mbuela Lodge à Kisantu, dans le Congo Central. Il fustige l’attitude des délégués de l’Etat. ‘’Le gouvernement discute toujours sur un fond de ruse au lieu de régler les problèmes de façon durable’’, déclare-t-il. Il évoque la question de l’amélioration des conditions sociales des enseignants, la situation des enseignants non rémunérés, mais aussi celle des écoles ‘’désactivées’’. Tous ces problèmes n’ont pas trouvé des solutions ‘’définitives’’, déplore Jean-Bosco Puna.

Des frais scolaires fixés pour la maternelle et le secondaire

Début novembre, le Gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila a signé un arrêté fixant les frais scolaires pour les classes de maternelle et du secondaire du secteur public. Régina B. Mungimur y voit un mal nécessaire. Même si ceci vient bouleverser les budgets, elle estime que ça peut éviter aux enfants de manquer des cours pour raison de grève. Son co-débatteur, Monsieur Puna ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, il est hors de question de revenir à la prise en charge des enseignants par les parents.  ‘’C’est de l’irresponsabilité du gouvernement’’, s’insurge-t-il, expliquant que la gratuité devrait couvrir l’enseignement de base (primaire + première et deuxième du secondaire –ndlr) et non l’enseignement primaire.

Nos deux invités expriment leurs craintes quant à la pérennisation de la gratuité de l’enseignement. Ils appellent les autorités à mettre tout en œuvre pour garantir une éducation de qualité à tous les enfants à travers le pays.

Des milliers d’enseignants restent sur la liste d’attente pour la retraite en RDC